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Le message de la défenseure fédérale du logement

J’ai le plaisir de vous présenter le rapport annuel de ma première année complète en tant que première défenseure fédérale du logement au Canada. Ce rapport est un aperçu du travail que mon bureau et moi-même avons réalisé ensemble d’avril 2022 à mars 2023. Une grande partie des données figurant dans ce rapport annuel provient des observations que nous avons reçues du public sur les problèmes systémiques et les besoins non satisfaits en matière de logement dans l’ensemble du Canada. Notre objectif est de vous donner le plus de détails possible afin que votre bureau ait une lecture précise de ce que les gens et les défenseurs du logement dans tout le Canada nous en disent.

Mon rôle le plus important est de renforcer le pouvoir des personnes en première ligne de la crise du logement et de l’itinérance au Canada, et de me faire d’amplifier leur voix jusqu’à votre bureau, Monsieur le Ministre.

Au cours de la dernière année, c’est en allant à la rencontre de personnes de partout au Canada et en les écoutant parler de la façon dont elles vivent la crise du logement et de l’itinérance dans leur communauté que j’ai le plus appris.

En Colombie-Britannique, j’ai entendu des personnes me dire qu’elles passent à travers les mailles du filet de sécurité. Certains sont à deux doigts de se retrouver en situation d’itinérance, comme cet homme que j’ai rencontré et qui a subi un accident de travail qui l’a conduit à vivre dans un campement.

À Prince George, de nombreuses conversations au campement de Moccasin Flats ont porté sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et sur le fait que de nombreuses personnes non logées avaient l’impression de ne pas avoir d’endroit sécuritaire où aller.

À Vancouver, la disparité était stupéfiante : le campement de tentes de résidents à Crab Park contrastait avec un luxueux navire de croisière au loin.

À Montréal, j’ai visité un centre d’hébergement ouvert 24 heures sur 24 qui accueille chaque jour des personnes non logées ou logées de manière précaire, et qui est situé juste en face d’un immeuble à condos de luxe flambant neuf.

J’ai rendu visite à des habitants du Nunavut et du Nunatsiavut, en partenariat avec Nunavut Tunngavik et Nunatsiavut Kavamanga, et j’ai pu constater la crise du logement qui frappe cette région depuis longtemps et qui constitue un manquement aux droits de la personne nécessitant une attention urgente.

Mais depuis qu’il existe des injustices en matière de logement au Canada, il y a aussi des personnes faisant pression pour que des changements soient apportés. Le mouvement en faveur du droit au logement au Canada a bien avancé. Grâce au lancement en 2017 de la Stratégie nationale sur le logement et à l’adoption en 2019 de la Loi sur la stratégie nationale sur le logement, le droit à un logement adéquat est enfin inscrit pour la première fois dans le droit national.

Les efforts de revendication qui nous ont permis d’aboutir à la Loi sur la stratégie nationale sur le logement ne sont pas terminés. Il reste encore beaucoup à faire, surtout au regard du budget fédéral 2023, qui passe complètement à côté de la crise du logement la plus pressante que le pays n’ait jamais connue. Le budget est avare d’idées nouvelles et l’argent frais alloué pour le logement est nettement insuffisant. Il ne fait même pas mention de la crise de l’itinérance. C’est tout simplement inacceptable.

Les sommes allouées dans le budget sont nettement insuffisantes pour endiguer la vague de perte de logements et d’itinérance qui déferle sur le pays. Le budget ne respecte pas non plus l’engagement du Canada en faveur du droit fondamental au logement et n’évoque même pas le principe voulant que le logement soit un droit de la personne.

C’est pourquoi, partout au Canada, les gens doivent continuer à faire valoir leurs droits, à exiger d’être entendus et à défendre leurs intérêts, ceux de leurs voisins et de leurs communautés.

Nous voyons ces revendications se déployer dans les villes et les communautés d’un bout à l’autre du pays. Les travailleurs de première ligne empêchent les gens de passer à travers les mailles de notre filet de sécurité passablement amoché. Les dirigeants du secteur dénoncent les coûts élevés d’un financement insuffisant du logement, de la santé et des services sociaux – coûts humains, coûts sociaux et coûts économiques. Les militants et les défenseurs font pression pour que des changements soient apportés à tous les niveaux de gouvernement.

Une approche coordonnée impliquant les gouvernements à tous les niveaux doit être adoptée pour mettre fin à la crise du logement au Canada, et le gouvernement fédéral doit montrer la voie suivre.

Mon travail consiste à faire en sorte que la discussion reste centrée sur les droits de la personne. Il faut se faire amplifier la voix des gens et militer en leur faveur et avec eux. Plus important encore, je travaille directement avec les personnes qui vivent dans des logements inadéquats ou qui sont en situation d’itinérance afin que nous puissions trouver ensemble des solutions à la crise du logement.

En rencontrant des gens un peu partout au Canada, j’ai pu constater à quel point les gens veulent faire partie de la solution.

À Prince George, j’ai rencontré des défenseurs locaux qui préconisent des solutions communautaires pour les résidents des campements de la ville. Tous ces gens ont travaillé ensemble pour fournir de l’eau potable, des salles de bain, un jardin communautaire et des solutions de logement.

À Victoria, j’ai rencontré un homme vivant dans le campement de Stadacona Park qui a acheté son propre balai pour pouvoir nettoyer les terrains de tennis tous les jours. Il était très fier de prendre soin de ses voisins pour que tous puissent partager un espace propre.

Voici les histoires qui m’ont le plus marquée dans la dernière année. L’histoire de personnes qui utilisent les meilleurs outils dont elles disposent pour revendiquer leur droit à un espace et en faire leur chez-soi.

Nous devrons travailler tous ensemble pour que le droit au logement devienne une réalité et pour nous assurer que le droit au logement soit une priorité absolue pour les gouvernements.

Je demeure toutefois convaincue qu’ensemble, nous pouvons et nous parviendrons à concrétiser le droit au logement au Canada.

Cordialement,

Marie-Josée Houle,
Défenseure fédérale du logement