Du 22 août au 2 septembre 2022, la défenseure fédérale du logement s’est rendue à Victoria, Prince George et Vancouver en Colombie-Britannique pour écouter, observer et témoigner des problèmes de logement auxquels sont confrontées les personnes non logées ou logées de façon précaire.
Il s’agissait de la première visite régionale de la défenseure dans le cadre de son mandat et de sa première occasion de rencontrer les titulaires de droits en personne depuis sa nomination en février 2022.
L’abordabilité du logement, l’itinérance et les campements, ainsi que le logement pour les Autochtones ont été des sujets de discussion fréquents entre la défenseure et les personnes qu’elle a rencontrées.
Les gouvernements et les responsables doivent aller de l’avant en collaborant activement avec des experts ayant une expérience vécue et d’autres défenseurs qui élaborent des solutions importantes.
Logements inabordables en Colombie-Britannique
Les données du recensement montrent que la Colombie-Britannique a le taux le plus élevé de logements inabordables au Canada, soit 25,5 % en 2021. La province compte également le plus grand nombre de ménages locataires. (Statistique Canada)
Domaines d’action
L’écoute, l’apprentissage et la prise en compte de l’expérience vécue des personnes constituent une priorité essentielle pour la défenseure, et une grande partie de la visite s’est concentrée sur cet objectif. Il est de notre devoir d’amplifier les perspectives, les préoccupations et les solutions proposées par les personnes que nous avons rencontrées et écoutées, notamment les titulaires de droits, les avocats, les organismes à but non lucratif et les universitaires.
Les perspectives et les solutions fournies à la défenseure sont en fait des témoignages de personnes ayant une expérience vécue et permettent de constituer un ensemble de preuves qui soutiendra et orientera notre travail en cours.
Jusqu’à présent, les domaines d’action identifiés par la défenseure pour faire progresser le droit fondamental à un logement adéquat en Colombie-Britannique comprennent des mesures pour tous les niveaux de gouvernement, notamment :
- Améliorer la sécurité d’occupation dans la province et prévenir les évictions, notamment en améliorant les lois provinciales sur la location et les processus de prise de décision au sein de la Residential Tenancy Branch.
- Reconnaître les droits distincts des peuples autochtones en matière de politiques et de programmes de logement, et les intégrer dans l’élaboration de nouvelles approches.
- Mettre fin à l’utilisation des services de police pour éliminer les campements par la force.
- Fournir aux résidents des campements un accès aux services de base comme l’eau potable, les installations sanitaires, l’électricité et le chauffage.
- Améliorer l’abordabilité des logements en renforçant les capacités du secteur non marchand du logement et en augmentant les pourcentages de logements abordables dans les nouveaux projets.
- Renforcer les mesures fiscales et anti-spéculatives pour lutter contre la financiarisation du logement.
- S’attaquer aux crises croisées de la pauvreté, de l’itinérance et des drogues empoisonnées en adoptant des mesures de lutte contre la pauvreté et en continuant à cibler les ressources et les mesures politiques sur des solutions fondées sur des données probantes comme les sites d’injection et l’approvisionnement en drogues sécuritaires.
- Développer les programmes d’aide à l’installation liée au logement pour les nouveaux arrivants.
- Affecter des fonds et d’autres ressources pour remédier d’urgence aux conditions d’habitabilité inadéquates pour les personnes seules, les logements supervisés et les logements dans les réserves afin de répondre aux préoccupations immédiates en matière de santé et de sécurité liées à la ventilation, aux moisissures, à l’absence de sécurité incendie et à un refroidissement inadéquat.
- Le ministère du logement de la Colombie-Britannique, nouvellement créé et autonome, a la possibilité de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre la crise du logement dans la province. Lors de sa visite, la défenseure s’est entretenue avec l’honorable Murray Rankin, ministre du Logement intérimaire. La défenseure a ensuite rencontré, en février 2023 à Ottawa, le ministre du Logement, l’honorable Ravi Kahlon pour faire un suivi et discuter des observations faites lors du voyage et de la façon dont la province peut mieux se mobiliser pour faire progresser le droit au logement pour tous et toutes.
Aperçu de la situation : Victoria
Il est clair que les gens passent à travers les mailles de notre filet de sécurité passablement amoché. Certains sont à deux doigts de se retrouver en situation d’itinérance, comme cet homme que nous avons rencontré à Victoria et qui a eu un accident de travail qui l’a conduit à vivre dans le campement de Stadacona Park.
Par ailleurs, les gens veulent aussi faire partie de la solution. La défenseure a rencontré un homme dans le parc de Stadacona qui a acheté son propre balai pour pouvoir nettoyer les courts de tennis tous les jours. Il était très fier de prendre soin de ses voisins pour que tous puissent partager un espace propre.
Aperçu de la situation : Prince George
La défenseure a rencontré des résidents du campement de Moccasin Flats à Prince George qui lui ont parlé de leur expérience.
De nombreuses conversations ont porté sur l’absence des aménagements promis pour le campement, sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et sur le fait que de nombreuses personnes non logées avaient l’impression de ne pas avoir d’endroit sécuritaire où aller.
Les résidents ont créé une chronologie commune de leur histoire, depuis la création du campement jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’apogée de la pandémie. L’affiche utilisée à cet effet est interactive, les résidents et les invités pouvant y ajouter leurs propres messages.
La défenseure a également rencontré de fervents défenseurs locaux qui ont fait pression pour que des solutions soient trouvées par la communauté, pour que des efforts soient déployés pour fournir de l’eau potable, des salles de bains, des machines à laver, des espaces de jardins communautaires supplémentaires et des solutions de logement innovantes et adéquates pour les résidents..
Les résidents des campements doivent voir leurs droits de la personne et leur droit au logement respectés, notamment le droit à un accès aux services de base et à la dignité humaine, et celui de participer de manière significative aux décisions qui affectent leur vie.
Aperçu de la situation : Vancouver
La disparité à Vancouver était évidente : le campement de tentes de résidents à Crab Park contrastait avec un luxueux navire de croisière au loin. La défenseure a rencontré des résidents du campement, ainsi que des résidents et des défenseurs de Downtown Eastside.
Nous avons entendu des personnes non logées ou logées de manière précaire qui revendiquent leur droit à un logement adéquat. Nous avons également souvent entendu parler de la nécessité pour les gouvernements d’arrêter l’érosion rapide des logements abordables existants due à la financiarisation.
Nous avons souvent entendu que le logement ne se résume pas à quatre murs et un toit. Le droit à un logement sécuritaire, abordable et digne est lié à tant d’autres aspects de la vie, notamment le droit à la vie privée, le droit d’avoir des animaux de compagnie, le droit de voir les membres de sa famille, le droit d’être soutenu en cas de besoin et le droit de maintenir des liens avec sa culture autochtone. Ce n’est pas trop demander. Il s’agit de droits fondamentaux dont tout le monde devrait jouir.